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Channel: conflit israélo-palestinien – L'Aide à l'Eglise en Détresse
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Visite du Pape en Terre Sainte : « Ce n’est pas un pèlerinage traditionnel »

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Mgr Giuseppe Lazzarotto, nonce apostolique en Israël, ainsi que Mgr Marcuzzo, vicaire patriarcal pour Israël, se sont exprimés sur le programme du Pape François au Proche-Orient lors d’une rencontre avec une délégation de l’AED présente en Terre Sainte.

L’archevêque Mgr Giuseppe Lazzarotto, nonce apostolique en Israël et délégué apostolique pour les Territoires palestiniens, a expliqué  que la visite du Pape n’était pas un pèlerinage au sens traditionnel, comme l’étaient les visites de Jean-Paul II et du Pape émérite Benoît XVI. Ce déplacement sera axé sur la commémoration de la rencontre entre le Pape Paul VI et le patriarche œcuménique Athénagoras Ier, qui avait eu lieu il y a 50 ans. « C’est l’objectif principal de la visite de Sa Sainteté », a souligné le délégué apostolique.

Le Saint Père entamera son voyage à Amman, dans le Royaume de Jordanie. Après une visite de courtoisie auprès du Roi Abdallah II, le Pape célébrera une messe dans le stade d’Amman durant l’après-midi. Pour des raisons de sécurité, seules 20 000 personnes pourront y assister. Le Saint Père se rendra ensuite sur le site du baptême du Seigneur, sur la rive jordanienne du Jourdain, afin d’y rencontrer des réfugiés syriens et iraquiens ainsi que des personnes malades et handicapées. Il est question d’environ 400 personnes triées sur le volet. Selon le nonce, le Pape passerait la nuit dans la nonciature apostolique à Amman.

Messe à la basilique de la Nativité pour 10.000 fidèles

Au matin du 25 mai, le Saint Père partira directement pour Bethléem dans un hélicoptère jordanien. Il décollera probablement du vieil aéroport de Marka, comme Paul VI il y a un demi-siècle, et non du nouvel aéroport d’Amman. À Bethléem, le président palestinien Mahmoud Abbas le recevra au palais présidentiel. De là, le Pape se rendra en véhicule ouvert à la Place de la crèche, devant la basilique de la Nativité, où il célébrera une Sainte Messe. « C’est la seule possibilité pour les gens de voir le Pape de près », affirme le nonce. « À Jérusalem, ce sera impossible. Mais là aussi, il ne se déplacera pas dans un véhicule blindé. Il refuse par principe de le faire, parce que cela signaliserait la peur et enverrait le mauvais message aux gens. » Malheureusement, seulement 10 000 personnes environ pourront assister à cette messe, parce que la Place de la crèche ne pourrait pas en accueillir plus, explique Mgr Lazzarotto. Par ailleurs, cette messe constituera la cérémonie centrale pour tous les catholiques de Terre Sainte, autant de Palestine que d’Israël. « À la différence de ses prédécesseurs, le Pape François ne se rendra pas à Nazareth, ni ne célébrera de messe publique à Jérusalem. Sur le plan pastoral, nous devons donc nous concentrer le mieux possible sur cette messe. Mais nous devons respecter que cette fois, c’est la rencontre avec le patriarche Bartholomée qui prime. » Après la messe, un déjeuner sera prévu entre le Pape et quelques familles palestiniennes dans la maison des Franciscains.

« Le Pape et le Patriarche veilleront à ce que cette rencontre ne reste pas un événement isolé »

Après une prière privée dans la basilique de la Nativité et une rencontre avec des enfants palestiniens réfugiés, un hélicoptère jordanien amènera le Saint Père à l’aéroport Ben Gurion près de Tel-Aviv, où il sera accueilli officiellement par Shimon Peres, le président de l’État d’Israël. De là, un hélicoptère israélien emmènera le Pape à Jérusalem. Après son arrivée, il se rendra d’abord brièvement à la nonciature apostolique, où il rencontrera le patriarche Bartholomée pour y signer une déclaration commune, tandis que son escorte continuera déjà vers le Saint-Sépulcre. « Là, à l’entrée de ce sanctuaire, le Pape rencontrera à nouveau le patriarche. Tous deux viendront symboliquement de deux directions différentes. Ils pénétreront ensemble dans la basilique, et se rendront au Golgotha, lieu de la crucifixion du Christ, ainsi que sur le tombeau du Christ. » Selon le nonce, ils y diront des prières et tiendront des discours. À la question s’il comptait sur des gestes concrets de la part des deux chefs d’Église, Mgr Lazzarotto a répondu qu’il convenait de laisser le soin au Pape et au patriarche d’exprimer leur inspiration en ce lieu saint. « Nous devons laisser agir l’Esprit Saint. Mais je suis certain que la rencontre œcuménique portera beaucoup de fruits, comme celle entre Paul VI et Athénagoras. Il s’ensuivra un nouvel essor pour l’unité des chrétiens, et pas seulement pour le synode panorthodoxe prévu pour 2016. Le Pape et le Patriarche veilleront tous deux à ce que cette rencontre ne reste pas un événement isolé », poursuite le nonce. La première journée de visite en Israël s’achèvera par un dîner des délégations œcuméniques au siège du patriarcat latin, dans la Vieille Ville de Jérusalem. Le Pape passerait la nuit à la nonciature apostolique de Jérusalem-Est.

Visites obligatoires de l’Etat d’Israël

Le lundi commencera par une visite du Saint Père au Mont du Temple de Jérusalem, où il a prévu de rencontrer le mufti du sanctuaire islamique. Ensuite, le Pape se rendra au Mur des Lamentations, pour enchaîner par le programme obligatoire prévu pour les invités de l’État d’Israël. Ce programme inclut aussi une visite du mémorial de Yad Vashem, dédié aux victimes de la Shoah. « Depuis deux ans, les consignes protocolaires de l’État d’Israël prévoiraient aussi une visite obligatoire du Mont Herzl, où se trouve la tombe de Theodor Herzl, fondateur du sionisme politique moderne. Le Pape s’y rendra donc également. »

Après avoir rencontré les Grands rabbins d’Israël ainsi que le président et le premier ministre israéliens, le Pape rendra visite au patriarche œcuménique sur le Mont des Oliviers. Ensuite, une rencontre avec des religieux et des ecclésiastiques sera prévue dans l’Église de Toutes-les-Nations, à Gethsémani. Après, le Pape célébrera au Cénacle de Jérusalem une messe privée avec les évêques de Terre Sainte. « En 2009, le Pape Benoît a seulement pu prier un angélus ici », affirme le nonce. C’est par cette messe que s’achèverait le voyage du Pape au Proche-Orient, puisqu’il rentrerait à Rome en avion le soir.

Regard de Mgr Marcuzzo, vicaire patriarcal en Israël

Mgr Lazzarotto a cependant mis en garde contre les attentes excessives résultant de la visite du Pape. « C’est une erreur de penser que par sa seule venue, le Pape puisse résoudre tous les problèmes de cette région. Mais sa visite constitue un signe prophétique et libérera certainement de nouvelles énergies pour les gens d’ici, et leur donnera une nouvelle espérance. » L’évêque auxiliaire Mgr Giacinto Boulos Marcuzzo, vicaire patriarcal de l’Église latine pour Israël, s’est exprimé en des termes similaires à Nazareth, où il a rencontré une délégation de l’AED, expliquant que le Pape évoquerait certainement les thèmes de la paix, de la réconciliation et de la justice. « L’avenir de toute la région repose là-dessus. Sans paix, il n’y aura pas d’avenir pour nous autres chrétiens », poursuit Mgr Marcuzzo. Il est probable que le Pape François aborde également le conflit israélo-palestinien, tout comme l’avait fait Benoît XVI en 2009. « La position du Saint-Siège sur cette question est claire. Nous ne nous mêlons pas de la politique. Les parties en conflit doivent se mettre d’accord. Toutefois, l’Église souligne la justice et les droits de l’homme. » Selon Mgr Marcuzzo, le conflit israélo-palestinien serait la source de tous les conflits de la région. L’évêque a critiqué que le Pape doive se plier aux nouvelles consignes protocolaires israéliennes et se rendre au Mont Herzl à Jérusalem. « Une visite de la tombe du fondateur du sionisme fournit une mauvaise image dans le monde arabe. » D’une manière générale, Mgr Marcuzzo voit d’un œil critique la conception propre d’Israël en tant qu’État juif. « Il s’ensuit automatiquement que les chrétiens et musulmans arabes sont des citoyens de deuxième classe ». En outre, Israël émet de surcroît des signaux contradictoires. D’une part, l’État hébreu entretient un dialogue avec des non-juifs, mais d’autre part, il existe beaucoup de discrimination. Il convient toutefois de constater que le Pape François est considéré de manière très positive en Israël. « De fait, le Pape voyagera avec un rabbin et un imam d’Argentine », poursuit Mgr Marcuzzo, « et c’est un bon signe. »

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